BRM Lagny 400 Kms

UNE HISTOIRE DE « BRM »
Pour les incultes, BRM signifie : Brevet des Randonneurs Mondiaux.
Pour moi maintenant, ce serait plutôt : « Belle Randonnée Mouillée » ou encore « Bonne Rincée Merdique » !!! Vous me direz très justement, mais pourquoi partir alors que la météo vous le déconseille très fortement ? Attendez, je vous explique.
Ces BRM sont obligatoires pour qui veut s’engager sur le Paris/Brest/Paris organisé tous les quatre ans. Pour prétendre à l’inscription de cet événement, il faut participer, dans la même année, et surtout terminer dans les délais des brevets qualificatifs de 200, 300, 400 et 600 kilomètres. Maurizio, que beaucoup d’entre vous connaissent désormais, est inscrit au « concours des machines » (réservé aux cadreurs, concepteurs et constructeurs de vélos) de l’année 2023. En plus d’être construite en suivant un cahier des charges bien précis, la machine doit participer à une épreuve afin de valider sa fabrication. Cette année, c’est le Paris/Brest/Paris qui à été retenu. Voila le pourquoi du comment du qu’est ce nous nous sommes retrouvés au départ de ces épreuves qualificatives.
En effet, lorsque Maurizio a su que l’épreuve support du concours serait le Paris/Brest/Paris, il m’a demandé de partir avec lui !!! Je lui ai aussitôt répondu avec ma délicatesse habituelle : Même pas en rêve, va mourir, et si tu insistes, je reprends ma fille… Puis, une fois les choses éclaircies, je lui ai tout de même proposé de l’accompagner sur les brevets de 200, 300 et 400. Et histoire de ne pas partir dans cette galère tout seul, j’ai proposé ces trois petites ballades tranquilles aux valeureux cyclos Gournaysiens.
Du coup, nous étions seize engagés sur le 200 malgréun temps qui ne donnait pas très envie de passer la journée sur un vélo. Un peu d’eau dans la matinée mais rien de méchant. En revanche, beaucoup de vent sur un parcours superbe mais loin d’être évident sur le retour. Les danseuses d’opérettes étaient de sortie ainsi que notre star météorologique que tous les clubs du coin, voire du monde, nous envie (qu’ils n’hésitent surtout pas……). J’ai nommé : Flottman !! Remercions-le ici de nous avoir épargné sur ce BRM, bien que cela le démangeasse grave !!!!! Finalement, une petite sortie sympathique comme les aime le cyclo Gournaysien habitué à cette distance.
Les choses sérieuses commencent avec le 300. Les danseuses étant en représentation extérieure, nous ne serons plus que huit (ce qui est tout de même beaucoup) vaillants cyclos à nous lancer dans cette virée. Seuls deux partants avaient déjà effectué une telle distance. Pour les autres, la grande inconnue. Je reconnais avoir fait une grosse erreur en incitant fortement Flottman à participer à ce périple. Non pas qu’il nous ait retardé, il a de la ressource le bougre, mais il est venu avec sa besace remplie de flotte et accompagné de son pote : le vent !!!! Et je peux vous assurer qu’ils se sont régalés. Lui, à nous arroser copieusement et son pote à nous souffler dessus, et dans le mauvais sens, tel un ventilateur enragé. Du coup, la petite ballade tranquille se transforma en épopée et dura beaucoup plus longtemps que prévu. Malgré tout, nous finirons tous dans les délais. Epuisés et trempés certes, mais heureux d’avoir réussi. Dix pour cent des partants ne pourront en dire autant pour cause d’abandon ou d’arrivée hors délai.
Et puis arrive le 400 !!!! Et la grosse misère avec. Le vent n’ayant plus rien en stock nous laisse tranquille. Flottman tout content de repartir avec nous (mais qu’est ce qu’ils attendent les autres clubs ???….) laissera croire aux six courageux participants que cette fois ci, cela se fera sous le soleil. Et nous l’avons cru nous, pauvres naïfs que nous sommes. Sauf que le bougre est machiavélique et fourbe……(ou l’inverse je ne sais plus !!!!) Nous prenons donc le départ à seize heures sous le soleil et roulons la fin d’après-midi à bon rythme et au sec. Je me souviens même, dans un moment d’errance sévère, avoir remercié Flottman de nous permettre de rouler au sec. Son petit sourire narquois aurait du m’alerter !!! Nous arrivons donc au premier pointage situé à Bourron Marlotte après une petite centaine de kilomètres où nous attend notre Président avec une collation cinq étoiles. Sans aucun doute le dernier très bon moment de ce périple, mais nous ne le savons pas encore. Un grand merci à Didier pour cette attention qui a provoqué la jalousie de tous les autres participants. Royal…
A la suite de ça, nous enfilons une petite laine car la fraicheur commence à se faire ressentir, allumons nos lumières et repartons repus, tranquilles et sereins. Cela ne durera pas !!!
Au fur et a mesure de notre avancée, le ciel de plus en plus sombre se lézarde d’éclairs de chaleur. Le vent commence à se lever et les scintillements célestes nous éclairent la route comme en plein jour. Ca ne sent pas bon du tout…. Je jette discrètement un regard à Flottman, il a le sourire benêt du gamin qui va faire une connerie !!! A une heure du matin, la pluie finit par tomber. Pas de la petite pluie délicate et sensuelle qui te rafraichit dans l’effort, non, de la bonne grosse drache qui te transperce les sur-chaussures, qui te fait ressembler à un setter irlandais sortant du bain, qui te fait jouer des castagnettes avec les dents tellement tu grelottes. Et tout ça, en seulement cinq minutes !!! Cela durera ainsi et sans discontinuer jusqu’à cinq heures du matin avant de nous accorder un petit répit momentané. Entre temps, nous avons fait une pause photo validation de passage, repas, empilage de couche de vêtement pour ceux qui en avaient, réchauffage des mains et des pieds (sans succès) sous un abribus à l’entrée de Chartres sur le coup de trois heures du matin (Dis Mr RATP, tu pourrais pas les faire plus grand tes abri bus ??). Le moral est un peu en berne chez tout le monde, surtout que la flotte continue de plus belle. Le seul pour qui tout semble bien se passer c’est Flottman !!!
Petite anecdote pour vous situer le gugusse. Sur le coup de quatre heures du matin, alors qu’il tombe toujours des cordes et que nous rêvons tous d’un oreiller confortable, d’une couette bien chaude et sèche, que je me demande pour la quinzième fois ce que je fous là, Flottman remonte à ma hauteur, me jette un regard en biais et me dit avec un grand sourire : « On est pas bien là !!! ». Dire que j’ai voulu le tuer serait bien trop réducteur par rapport à mon envie de le trucider, de l’éparpiller, de le pulvériser voire de le hacher menu avec les rayons de ses roues…
A six heures du matin, alors que nous roulons sans pluie depuis une heure (mais oui, c’est possible) nous trouvons une boulangerie ouverte. Véritable havre de paix avec son accueil sympa, son chauffage, son café chaud et ses viennoiseries toutes fraiches. Moment de délice intense après l’enfer. Nous finirons, un peu à contre cœur, par repartir car la route est encore bien longue. Le final se fera sous les averses parfois très violentes. Nous n’aurons d’ailleurs jamais le temps de sécher vraiment entre deux rincées. Qui dit flotte sur la route, dit crevaison assurée pour les cyclos. Maurizio, un peu gourmand sur ce coup-là, en enregistrera trois à son actif. Eric F s’en fera une petite aussi histoire de profiter de ce bon petit moment que nous connaissons et apprécions tous : changer une chambre à air sous la flotte …
Ensuite c’est le gars François qui se fait remarquer. D’abord par son aisance à rouler bon rythme malgré la distance déjà parcourue. En grande forme le loustic. A tel point que c’est son matériel qui lâchera l’affaire. Sans doute pas habitué à rouler aussi longtemps et aussi facilement, la roue arrière pétera un rayon entrainant un voile suffisamment fort pour venir frotter sur les haubans. A moins que cela ne soit le poids de la comtoise sur le porte bagage, ou des cinq tenues de rechange, ou des quatre bidons pleins bien sûr, ou encore des douze sandwichs restants qui aient entrainé la faiblesse dudit rayon !!!!
Du coup, le malheureux finira par prendre le train, la mort dans l’âme, en gare d’Osny. Seule solution possible car la roue n’aurait pas tenu. Nous finirons les quarante derniers kilomètres sans lui mais franchement, il n’a rien raté car l’organisation nous avait prévu le parcours historique du premier brevet 400 Audax. Sauf que l’époque a un tout petit peu changé depuis, et notamment au niveau de la circulation routière. Le tracé nous fait revenir sur Paris en arrivant d’Epinay sur Seine pour rejoindre le canal de l’Ourcq à la Villette. Franchement horrible. Nous nous sommes échinés à essayer de survivre en évitant les voitures toutes plus agressives les unes que les autres. Eric L finira même par chuter sur une piste cyclable à cause d’un aménagement inadapté à la pratique du vélo. Un comble…
Et voila, la boucle est bouclée. Tout le monde a rallié l’arrivée et j’y inclus François car il nous aurait accompagné jusqu’au bout sans soucis. Bien évidemment, sur ce genre d’épreuve longue distance, nous passons tous par des moments de fatigue, de ras le bol, de mais qu’est ce que je fous là et bien d’autres. Mais la force d’un groupe est de nous aider à passer ces périodes parfois un peu délicates pour, à notre tour, aider nos compagnons en difficulté…
Je voudrais citer les et féliciter les quatre valeureux cyclos qui nous ont accompagnés Maurizio et moi. D’abord les deux Eric, le L et le F, François le magnifique et bien sûr Flottman alias Christophe, qui bizarrement a fini vivant !!!!!! Merci à eux d’avoir partagé ce qui, pour moi,a été la pire randonnée vélo. Des félicitations aussi aux participants du 300 qui étaient un peu dans la même veine. Pour finir, sachez que Maurizio remercie tous ceux qui l’ont accompagné sur les brevets et qu’i a bouclé son 600. Il participera donc au Paris/Brest/Paris fin Août.
Encore une fois bravo à tous et merci de m’avoir permis de vivre tous ces bons moments, les mauvais je les ai déjà oubliés, au cours de ces trois BRM….. Et maintenant que je suis sec, je vous laisse car j’ai des coups de fil à passer aux présidents des clubs voisins afin de leur proposer un recrutement !!!!!!!
Thierry