TOUR DE FRANCE CYCLOTOURISTE

  • 21 Journées

  • 2640 Kms

  • 36 000 Mètres de dénivelé

C’est l’histoire d’un mec et de son rêve de Tour de France.
C’est l’histoire d’un mec… Tout jeune le mec, passionné de vélo, qui rêvait tous les étés devant les exploits des coureurs du Tour de France. Il se disait en les regardant qu’il devait être chouette de pouvoir vivre de sa passion. Mais les rêves sont parfois trompeurs et il s’en rendra compte plus tard. Il a commencé par travailler un mois d’été pendant ses vacances scolaires afin de pouvoir s’acheter son premier vélo. Un Mercier tout clinquant de la même couleur que celui de Poulidor !! Trop la classe le mec… Il s’est aussitôt inscrit au club cycliste local pour participer aux courses de sa région. Et là, ils allaient voir ce qu’ils allaient voir !!!! Effectivement, ils ont tous bien vu… que les rêves sont parfois éloignés de la réalité.
Sa première saison en cadet 2ème année lui aura permis de toucher du doigt le chemin qu’il lui restait à parcourir… mais aussi d’apprendre énormément grâce aux conseils des plus expérimentés sur les tactiques de courses, les placements dans le peloton. Il finira cette année en connaissant davantage ses forces et ses faiblesses. Pour lui ce sera routier / sprinteur plutôt que grimpeur. Assidu et comprenant vite, la saison se finira sur quelques résultats encourageants pour une première.
Pour sa 2ème saison, le mec est monté en junior. Il lui aura fallu la saison entière pour assimiler la distance des courses beaucoup plus longues et surtout beaucoup plus rythmées.
Malgré tout, quelques bonnes places sur les arrivées au sprint en fin de saison ont récompensé et encouragé son investissement.
Puis est venue la 3ème saison ou il a dû concilier l’inconciliable ! L’apprentissage de son métier de cuisinier qui nécessitait beaucoup de temps et sa passion pour le cyclisme. L’entrainement devenait impossible et trop aléatoire pour lui permettre de progresser. Malgré tout, le petit mec s’améliorait quand même et la saison, bien qu’en dents de scie au niveau des résultats, s’est achevée sur de belles places en courses,  frôlant par deux fois la victoire. Il lui a ensuite fallu se résoudre à cesser les courses pour privilégier son avenir.
Puis le temps est passé et le petit mec devenu grand était toujours accro au vélo. Pendant longtemps, les sorties se sont faites en solo. Par la suite, en intégrant un club cyclo, il a trouvé des personnes aussi passionnées que lui. Bien sûr, le Tour de France était toujours dans un petit coin de sa tête et il y pensait, sans amertume ni déception.

Un jour, par l’intermédiaire d’un ancien du club, il a appris l’existence d’un Tour de France organisé par sa fédération.
Instantanément, le rêve est revenu au-devant de ses pensées. Renseignement pris, il s’agit d’un Tour de France cyclo organisé tous les deux ans sur le schéma de la célèbre
course de juillet. C’est-à-dire vingt étapes, environ trois milles kilomètres et aux alentours de trente milles mètres de dénivelé positif. Waouh…un vrai Tour de France ! Depuis ce jour, le mec savait qu’il participerait à cette épreuve. C’était sûr. Il ne pouvait en être autrement…
Il a attendu le bon moment. Impossible de partir trois semaines en plein mois de juin car c’était une période très chargée au boulot où il ne pouvait pas se permettre d’être absent. Cela impliquait également qu’il n’aurait pas de vacances avec sa famille. Impossible.
Pas de problèmes pour lui, il attendrait encore. Il n’était plus à quelques mois ou même années près. Le projet est devenu concret quand le mec, devenu un peu plus vieux, a été libéré de ses fonctions professionnelles pour profiter de sa retraite. Le moment était venu, enfin !
L’inscription au Tour de France a été faite dès l’ouverture. Il n’était pas question pour lui de ne pas faire  partie des cinquante heureux élus. Il a pris connaissance du tracé et a commencé à gamberger. Le parcours
proposé était vraiment difficile. Y arriverait-il ?

La pandémie du Covid s’est ensuite chargée d’anéantir tous les efforts entrepris pour se préparer physiquement car le Tour a été annulé, reporté à l’année suivante, au mieux. Gros coup de massue sur la tête. Décidemment, il était écrit que le Tour ne serait jamais simple pour ce mec. La déception passée, il s’est remotivé pour se préparer à nouveau afin d’être prêt pour le grand départ. Celui-ci est enfin arrivé à la fin du mois
d’août 2021. Le rêve devenait réalité. Il allait falloir y aller et faire bien, malgré les doutes
qui pouvaient l’habiter.

Il serait trop long de vous décrire ces trois semaines mais, pour ce vieux mec, ce fut tout bonnement géant. Quand il m’en parle, ses yeux brillent et sa voix se charge d’émotions. Il me raconte les paysages traversés,
les cols montés avec plus ou moins de facilité, ses moments de doute comme ses moments d’euphorie, son plaisir d’avoir géré ses efforts avec justesse ce qui lui a permis de terminer ce périple dans une grande forme physique, fatigué certes, mais pas tant que ça car il aurait pu continuer. Il a ainsi roulé pendant 2673 kilomètres divisés en 20 étapes, et gravi 33 cols cumulant 33873 mètres de dènivelé. J’imagine que, quand il vous en parle, comme avec moi, il ne peut plus s’arrêter. Il faut l’excuser. C’est un passionné et les passionnés ne sont jamais raisonnables.
Maintenant le rêve du vieux mec est réalisé. Quelle chance pour lui. Combien de personnes peuvent convenir d’avoir accompli leur rêve. Pas assez sans doute…
Depuis, il est rentré chez lui, a retrouvé sa tendre compagne qui, très compréhensive, lui a permis de pouvoir vivre son rêve malgré la gêne que pouvait lui occasionner une absence aussi longue. Il a repris ses habitudes cyclistes, trois sorties par semaine avec ses copains du club, et il pense à des nouvelles destinations pour partir en voyage avec sa nouvelle randonneuse qu’il est en train de finaliser.
Il reconnait aisément qu’il a de la chance depouvoir vivre sa passion comme cela.
Et je pense comme lui.

PS : Toute ressemblance avec une personne existante ou pas encore morte voire même en bonne santé, y compris mentale, serait tout à fait fortuite et involontaire de la part de celui qui, on ne sait pas pourquoi, aurait du faire autre chose que d’écrire ce petit laïus…

Thierry M.