4h du matin, je ne dors pas, je me tourne et retourne dans mon lit. La semaine à Vaison se rapproche, il reste environ trois semaines avant de se retrouver presque tous au pied du Ventoux. Presque tous car il manquera Jean-Marc et Philippe.
Le Ventoux, ce géant blanc qui fait peur, qui fait tant parler les cyclos entre eux, « oh par Bédoin c’est le côté l’plus dur, dit l’un, non c’est par Malaucène, c’est beaucoup plus irrégulier, oui on devrait passer par Sault, c’est moins dur… » et voila comment faire monter le stress…
Dans mon lit, je pense à tout ça, mais c’est égoïstement qu’une idée me vient…
Je me suis inscrit il y a environ un peu plus d’un an à ce voyage à Vaison sans savoir que la maladie me mettrait des bâtons dans les roues, mais j’ai toujours gardé l’idée que je serai présent pour remonter
ce Ventoux. Par Bédouin Malaucene ou Sault j y serai.
– Et si on corsait la difficulté…
Dans mon lit, les minutes passent, le sommeil s’éloigne mais une idée de génie (si on peut dire) apparaît…
Et si on attaquait ce géant, non pas une fois, mais trois fois dans la même journée par ses trois côtés ???
C’est parti!!! L’idée germe en moi, je voudrais réussir ce défi. Dans ma tête, je m’organise, on aura besoin d’une assistance, personnellement je ne souhaite pas faire les descentes, du stress rajouté à la fatigue, sans moi. (pas envie de ressembler au président lors du voyage au Portugal!!!) Mais j’en connais au moins un qui ne ferait, lui, que les descentes, nest-ce pas Thierry M…
Le lendemain, j’appelle Didier pour lui proposer cette idée à la con… Il sera le messager pour proposer ça aux copains lors de la prochaine réunion.
– Retrouvailles à Vaison.….
Le séjour débute par trois belles sorties matinales avant que Serge décide de la date des montées, prévue finalement mercredi, suivant la météo et le vent annoncé, il ne se laisse pas dompter comme ça ce géant, il faut prévoir le jour où il sera le plus agréable à escalader…
Mardi soir 19h, Didier dirige une réunion pré Ventoux…
La question du « qui fait quoi » en a décidé: sept copains feront, ou essaieront les trois côtés, et les treize autres, attaqueront le géant par un côté. Chacun doit y trouver son compte, aucune obligation de résultat, que du plaisir et l’assistance sera avec nous pour nous y aider. L’assistance sans qui ce projet n’aurait pas été possible sera réalisée en équipes par Agnes et Anne Marie, ainsi qu’Odile Pierrette et Cathy, et, le trio ‘Samu 93’
Victor Alcina et Paula qui nous sont venus en aide par hasard avec l’eau et des gâteaux au mont Serein, quelques minutes de plus, on redescendait sur Malaucène sans munitions, mais ça, c’est pour demain…
– Mercredi 28 jour J..
Départ à 6h 30 de Vaison pour le groupe des sept mercenaires. Arrivé à Bédoin, apres quelques arrêts sur des dos d’âne et la voix d’Eddy Mitchell, petit déjeuner à la boulangerie du coin, Thierry M. est chargé
de porter les viennoiseries pour les copains, il lui faut du lest pour le freiner celui là…
Je crois qu’après un arrêt pipi, on prenait la photo au point zéro de Bédoin à 7h30.
Et cest parti pour la première montée, dirigée par Thierry et Pascal, encadrée par Jean-Marie, Alain et Eric à un rythme de gros feignants pour moi et Didier, afin de nous économiser sur des pourcentages,
de 8, 9, 9, 10, 9, 10, 9, 9, 6, 6, 8, 8, 10,ça m’a s’coué !!!
Dans la montée, le silence, quelques blagues de temps en temps mais pas trop de rigolades, « ça coupe les pattes !!!! » les senteurs dans les bois avant le chalet Reynard. Mais surtout le bonheur d’être là avec les copains. Thierry tiendra un rythme qui n’est pas le sien jusqu’au bout avec Pascal, Jean-Marie vole sur son nouveau cheval, au côté d’Éric, Alain ferme notre route et Didier et moi, serrons les dents et autre choses pour suivre la route vers le chalet Reynard.
Les six derniers kilomètres sur le cailloux où je commence à sentir l’effort dans les jambes. L’arrivée au panneau, la photo etquelques embrassades entourés de joie et
de merci.
– Le défi, c’était trois montées, alors on continue.
Téléphone en main pour essayer de les joindres, (ce n’est pas la peine d’être à 1910 m pour ne rien capter…) on attend les filles, elles devaient nous retrouver en haut, mais on apprendra plus tard que
suite à une grasse matinée, elles ne seront pas à l’heure et qu’on doit redescendre en vélo sur Malaucène, avec un arrêt au mont Serein pour les attendre. Ahhh ces filles.
Un miracle s’est produit !!!! Agnès et Anne-Marie se sont transformées en Paula Victor et Alcina avec des provisions en pagaille, de l’eau, du sirop de citron et des gâteaux,
Amen… on peut descendre sur Malaucène et attaquer la montée les poches et les bidons pleins!
Dans l’euphorie, Alain loupe le point zéro de Malaucène, et continue la descente, pas trop grave, il a des ressources pour remonter et nous retrouver.
– C’est reparti pour la deuxième…
Direction le mont Serein pour un pique-nique qui devait tous nous réunir mais c’était sans compter sur le décalage de temps de chaque groupe.
Les difficultés de la montée se font sentir dans les plus gros pourcentages irréguliers, accompagnés d’une grosse chaleur. Quelques cyclos nous doublent, se lâchant à un bonjour en passant, et nous, répondant par un gentil ‘au revoir’ …
Tout ça dans la bonne humeur bien évidemment.
La montée se poursuit quand Mr le président décide de stopper la balade au trois quarts de la montée, le salaud il me lache!!! Bravo pour cet effort et surtout merci d’avoir partagé ça avec toi Didier. Je dois bien dire qu’il m’a laissé penser une minute à le suivre pour monter dans le carrosse des filles, bien plus confortable…
Allez!!! Encore quelques kilomètres avant le pique-nique au fin fooonnnnnnnd.…. du bois au mont Serein. Ma première remarque du rond point au lieu du repas
sur ce faux plat descendant, fut de me dire, je vais en chier pour repartir…
Et bien après ce délicieux repas bien arrosé qui a fini dans les fossés du grand géant, j’ai même failli arroser les rayons d’Alain qui me collait de trop près avec une peau de renard, alors effectivement pour la reprise j’en ai chié!!! Pascal ‘le puissant’ qui ne trouvait pas son rythme et moi qui parlait intérieurement à mes cuisses pour qu’elles tiennent encore un peu, par contre, les quatre autres apôtres semblaient frais comme des gardons, ils ménervent…
Au bout de ces six derniers kilomètres, la dernière rampe au sprint au côté de Pascal et l’arrivée au panneau pour la re-photo, le bonheur d’avoir fait ça…
Un petit tour à la boutique de souvenirs, je décide d’arrêter, mon effort me suffit, je ne referai pas la troisième, je suis heureux. Je la laisse pour Thierry Jean-Marie Alain Pascal et Eric les costauds. Avec Didier Agnes Anne-Marie et Odile on va les accompagner si on peut dire. mais il faut redescendre rapidement, le vent se lève et Thierry propose de remonter Sault mais d’éviter les six derniers kilomètres du cailloux.
Alors cest parti pour la descente!!! Nous en voiture Didier, moi, Odile, Anne-Marie,Agnes et eux en vélo.
– La dernière montée
Dernier petit ravito en bord de route ou on se fait engueuler par des locaux qui ‘eux’, travaillent, pas comme les touristes comme nous!! On gênait en prenant de la place sur la route, une situation qui n’a pas manqué d’énerver Thierry… Pas grave la dernière montée leur fera oublier cette anecdote. Nous les doublons dans la montée, ils ont dû se faire plaisir avec moins de difficultés à grimper par Sault, et nous, nous allons nous poser au chalet Reynard les attendre et aussi pour boire un coup. En pensant aussi que si il est trop tard pour rejoindre le village de Vaison pas de problème, on mangerai sur place au chalet. Et bien, pas de bol, c’était fermé…
Heureusement Agnès avait emporté le Triomino, et on s’est passé le temps à jouer en attendant des heures et des heures, et des heures (je blague…) les cinq derniers guerriers finissant au sprint cette magnifique épopée.
-Défi terminé pour le club, conclusion decette idée à la con…
Voilà, cette journée se termine enfin (pour nos p’tites pattes) mais pas pour le reste…
Je suis tellement heureux d’avoir partagé cet effort avec vous. On en a fait d’autres avant, des 200, le 300, et le 400, mais celui la était pour moi particulier, un goût de revanche à la maladie… J’ai toujours aimé rester derrière et accompagner les « derniers » (j’en ai souvent fait parti…) cette fois ci, cest moi qu’on a accompagné je me suis senti encadré, aidé et j y ai pris un immense plaisir, pas à voir le cul de certains, mais de savoir que je pouvais compter sur vous pour y arriver. J’étais en sécurité.
C’est bien plus fort qu’une belle moyenne élevée inscrite sur le compteur après une sortie.
Maintenant, il ne nous reste plus qu’à trouver une autre idée à la con pour la partager encore une fois. Remarque, celle ci n’était pas si folle, cinq d’entre nous sont allés au bout sans pouvoir y croire avant…
Un petit mot pour ceux qui comme lors de cette journée se sont laissés aller à penser qu’ils n’y arriveraient pas, c’est sans compter sur les copains et l’entraide qu’il y a dans ce club…
Alors pour le prochain projet un peu fou, on fonce !!!! Qui a dit non ?…..